Chut.
Ecoute.
…
Bah j’entends rien
Si, le silence. Tu l’entends ?
…
Qu’est-ce que tu entends quand tu écoutes le silence ?
J’entends ma respiration…
Je déglutis…
Les battements de mon coeur… je sais pas si je les entends ou si je les imagine. Mais c’est là. ça percute.
Quoi d’autre ?
Attends, je ferme les yeux, j’entends mieux les yeux fermés.
Je crois que ma respiration change, elle s’allonge. Je sais pas si c’est intentionnel…
Je sens des petits mouvements à l’intérieur, un rythme, le sang qui pulse dans mes veines.
Ah tiens, je commence à entendre un dialogue dans ma tête. C’est comme si quelqu’un montait le volume de la radio !
Des mots, des phrases qui se bousculent, qui commentent, comme l’équipe de pétanque sur la place du village.
Du silence, on est passé à un papotage incessant. ça se coupe la parole, ça se contredit, et ça critique !
“Y faut y faut pas”, “c’est bien, c’est pas bien”, “pourquoi tu fais pas ça et pourquoi t’as fait ça”, “oulah c’est risqué, t’es sûr ?”
“Eh ! Chut ! Vous êtes pas tout seuls hein !” ah oui c’est vrai, on écoutait le silence, à la base.
Reviens à ta respiration, trouve comment faire baisser le volume des voix.
Ok, je vois un gros curseur rouge. je le descends. ça diminue.
Inspire, expire, inspire, expire…
Retour au silence, retour au souffle, un ressac de vagues, les pensées reviennent sur la pointe des pieds, mais on dirait qu’elles changent de rythme, c’est comme si elles devenaient plus claires, plus flottantes, des nuages qui passent.
Des questions surgissent
“Pourquoi est-ce que tu te racontes tout ça ? D’où ça vient ?”
“A quoi ça te sert ?”
“Quand as-tu appris à te parler comme ça ?”
…
Ces questions me touchent, je sais pas pourquoi.
Le silence murmure des réponses. J’entends pas tout, je comprends pas tout. Il y a des images qui surgissent, des symboles qui apparaissent.
C’est pas grave, un dialogue s’est ouvert, la demande de communication de cette partie de moi qui sonne dans le vide depuis si longtemps est enfin entendue. Émotion. Un travail commence.
Ok, c’est ça l’hypnose.
Apprivoiser le silence, le malaise de ne pas le remplir. Observer autrement, accueillir l’inconfort. Laisser les pensées venir et repartir au lieu de les jeter et qu’elles reviennent en boomerang.
Explorer ce qu’il y a derrière, entendre des questions fondamentales qu’on ne s’était jamais posées avant pour pouvoir avancer.
Et soudain, une lumière s’allume !